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02/01/2009

_Intersections : fantasy and science fiction_ & _Bridges to science fiction_

Intersections : fantasy and science fiction : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN : Southern Illinois University Press : 1987 : 252 pages (y compris index) : ISBN 0-8093-1374-X : en occase pour quelques dizaines d'euros pour un HC avec jaquette.

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Bridges to science fiction : George E. SLUSSER & George R. GUFFEY & Mark ROSE : Southern Illinois University Press : 1980 : 168 pages (y compris index) : en occase pour quelques dizaines d'euros pour un HC avec jaquette.

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Un avis global sur deux livres similaires dans leur principe et le résultat obtenu. Ces ouvrages sont donc des recueils d'essais contenant chacun une dizaine de textes (plus nombreux et plus courts dans le premier que dans le second). Ce dernier (Bridges) correspond (IIRC) aux minutes de la toute première conférence sur le fantastique dans les arts, ce qui peut expliquer la piètre qualité des contributions, prévisible pour une manifestation dans sa première instance.

Ce sont donc des livres purement académiques, à la fois par le fait que le public ciblé est celui des bibliothèques universitaires et par le fait que l'on puisse penser qu'une publication dans ces supports rapporte des points pour une carrière. Du coup, les essais sont souvent (logique à l'époque)  écrits par des gens dont les domaines de compétences ne sont généralement pas la SF. Seules exceptions, les universitaires dont le champ d'étude est justement la SF (Slusser, Rabkin) et quelques auteurs comme ici Benford ou Zelazny.

C'est sans doute pour cela que je ne leur trouve aucun intérêt, le canevas de chaque court article étant le même, un début avec un très vague rapport avec la SF et une bifurcation immédiate vers le domaine de prédilection (ou de spécialité) de l'auteur. Ceci nous vaut par exemple des pages de citations en latin, des essais sur Faulkner, sur Gravity's rainbow ou sur Shakespeare, certainement très érudits, mais qui, au final, n'apportent absolument aucun éclairage sur la SF. De toute façon, de leur aveu écrit même, certains intervenants connaissent peu très peu le genre.

Seuls quelques essais arrivent à surnager (celui de Delany par exemple) dans cette mer de médiocrité. C'est dommage parce que le premier ouvrage (qui est nettement le meilleur des deux) aurait pu ouvrir des pistes sur les relations entre SF & Fantasy avec une discussion (hélas avortée) du genre hybride qu'est la Science-Fantasy.  Il est probable qu'à l'époque la réflexion sur ce thème était trop peu developpée (surtout du côté Fantasy) pour pouvoir aboutir.

Deux ouvrages que l'on peut aisément éviter, si ce n'est pour faire joli et sérieux dans une bibliothèque.

Note GHOR : 1 étoile pour Intersections, 0 étoile pour Bridges to science fiction.

31/12/2008

_Science fiction master index of names_

Science fiction master index of names  : Keith L. JUSTICE : McFarland : 1986 : ISBN-10 0-89950-183-4 : 394 pages : une grosse vingtaine d'Euros pour un HC (sans jaquette sur mon exemplaire, je ne sais pas s'il y en a une).

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A l'époque, j'avais acheté ce livre sur la foi du nom de l'auteur (qui a aussi écrit l'indispensable Science fiction, fantasy and horror reference) sans vraiment savoir de quoi il parlait (j'imaginais un sorte de dictionnaire, à la Prucher).

Cet ouvrage est en fait d'un type très particulier puisqu'il s'agit d'une sorte d'index général des ouvrages de référence "standards" au moment de sa conception.

Son principe en est donc simple, c'est la concaténation des index par auteur de 132 ouvrages avec un système de codification permettant de savoir dans quel ouvrage et à quelles page(s) est traité l'auteur X.

De plus, l'auteur a assuré lui-même l'indexation des livres de sa sélection qui en étaient dépourvus. Sont dans ce cas, entre autres, les courts ouvrages de Starmont ou de Borgo (généralement des monographies sur un auteur) ou certaines autobiographies (le Pohl par exemple).

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Les 132 livres traités formaient la base de toute collection sur la SFF dans les années 1980. Cela va des grandes encyclopédies classiques (Tuck, Ash) aux monographies évoquées plus haut en passant par les recueils d'interviews (la série SF voices) et les ouvrages théoriques (Suvin) et les guides de lectures. Cela correspond plus ou moins au fond nécessaire à un outil de travail solide sur le genre (à titre indicatif, je dois en posséder un peu plus d'une centaine sur l'ensemble).

 

Tout d'abord, je vous laisse imaginer la quantité de travail qu'a pu représenter la confection de cet ouvrage, réalisé sur des fiches bristol, à une époque où l'ordinateur domestique était quasi-inconnu et pas forcément capable de réaliser ce genre de travail. On se souviendra que les index informatiques existants contemporains (les NESFA ou le Strauss) étaient réalisés sur des mainframes.

The mitsf index.jpg


Après, on peut s'interroger sur l'intérêt d'un tel méta-index. Justice répond à cette question en donnant une double raison.

- il peut servir à sélectionner des ouvrages que l'on ne possède pas (pour un achat ou un emprunt inter-bibliothèque) en ayant une vision sur les auteurs traités.

- il est surtout indispensable quand on veut optimiser l'exploitation de sa propre bibliothèque de référence. Au delà d'un certain volume, on ne se rappelle pas forcément où est mentionné tel ou tel auteur et il devient impossible de parcourir plusieurs centaines d'index.

Par exemple, si je cherche des informations sur Doris Piserchia ou son oeuvre, je saurais que je peux déjà sortir de mes étagères les livres suivants : Aliens and linguists, Alternate worlds, Anatomy of wonder, etc...; alors que je n'aurais pas forcément immédiatement pensé à certains (le premier par exemple).

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On pourra bien sûr regretter certaines choses : une non-indexation des titres (mais alors 2000 pages de plus) ou des thèmes (un travail de titan); l'absence de séparation des index crées par Justice ou la non-inclusion de tel ou tel ouvrage.

Le souci principal est, comme souvent sur des projets de ce type, que leur pertinence décroît au fil des années, soit par l'apparition de nouveaux ouvrages incontournables soit par les rééditions augmentées (cf. Anatony of wonder qui en est à sa 5ème incarnation) qui rendent caduc ou inutilisable le travail sur les versions antérieures.

C'est en tout cas une somme de travail admirable, et un outil très utile à la condition d'avoir (ou d'avoir accès à) une fraction significative des ouvrages traités (et en plus dans la "bonne" version ou le "bon" format).

D'où un note GHOR qui peut varier de 0 (un tel index peut ne servir strictement à rien pour certains) à 3 étoiles (en ce qui me concerne).

Donc, note GHOR = 3 étoiles

01/12/2008

_Robert Heinlein_ (Stover)

Robert Heinlein: Leon STOVER : Twayne (série TUSAS) : 1987 : ISBN 0-8057-7509-9 : Ill Photo : 147 pages (y compris biblio & index) : quelques Euros pour un HC petit format (avec jaquette).

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Ce court ouvrage est organisée en une dizaine de chapitres qui suivent dans un ordre plus ou moins chronologique (parfois carrément pas du tout) la carrière de Robert Anson Heinlein. Chaque chapitre prend pour base un texte précis et développe sa thématique propre (nouvelles frontières, sexe, religion, rédemption...) en lui adjoignant d'autres oeuvres de RAH qui partagent les mêmes préoccupations et en faisant le parallèle avec d'autres auteurs américains (Twain, Whitman...).

Il faut savoir que Leon Stover a une conception bien particulière du rôle du critique. En effet, pour lui, le travail du critique n'est pas d'expliquer mais de faire partager les qualités de son sujet d'étude. Fidèle à cet étrange principe qui voit la réflexion comme uniquement destinée à dresser les louanges d'un auteur, on ne trouvera pas ici d'analyse serrée (apppuyée textuellement) ni le moindre jugement un tant soit peu négatif sur l'auteur.

Ce choix nous vaut donc par exemple une histoire personnelle de RAH présentée sous un jour presque biblique, avec l'auteur dans les rôles successifs ou simultanés de saint, guerrier, meneur d'hommes, écrivain stupéfiant, analyste brillant, ingénieur de génie. Stover reprend (ou initie) tous les poncifs et clichés (par exemple l'écriture de son premier texte de SF, une oeuvre géniale sortie de son cerveau en claquant des doigts) que l'on retrouve depuis vingt ans sous la plume des défenseurs du maître.

A la place d'une lecture et d'une mise en situation des textes, on obtient un ouvrage assez proche de celui de Major (Heinlein's children : The juveniles).

Heinlein's children.jpg

C'est donc une sorte de monologue, qui ne fait que s'appuyer sur les oeuvres de RAH pour nous abreuver de commentaires sur le monde actuel (du moins celui des années 85), sur les USA et les maux qui guettent cette merveilleuse démocratie libérale (marxistes, jeunes, noirs musulmans, fénéants, assistés, malpolis, écologistes). C'est agrémenté (sic) de longs couplets sur la 'manifest destiny' US, celle d'un peuple élu (mais uniquement sur green card), défricheur de frontières (après avoir massacré deux ou trois autochtones), gardien de la liberté face aux méchants rouges (ceux qui ont le couteau entre les dents), leaders naturels de l'humanité et représentants du Seigneur sur Terre (amen).

Des pleines pages de prétention, de fanatisme religieux ou patriotique et de haine tout azimut, cette haine que Stover n'arrive pas à confiner à la sphère sociale mais qui déborde dans son analyse de la SF, comme le montrent ses élucubrations sur la SFRA (qui est censée avoir monté une cabbale contre RAH) ou ses attaques sur Franklin (qui pourtant pourrait, au vu des ses états de service, donner des leçons de partiotisme à pas mal de monde) et ses aboiement sur critiques de RAH en général.
Pauvre de nous !

Un point intéressant est de remarquer qu'il s'agit chronologiquement d'une des premières apparitions de la technique de réponse aux critiques de RAH qui deviendra standard (on l'a vu à l'oeuvre sur fr.rec.arts.sf notamment). Cette technique consiste à répondre deux choses à toute personne qui émet une opinion négative sur les livres de Heinlein (en particulier les derniers) :

- "RAH est sur la liste des best-sellers" : qui sous-entend que si des milions de gens ont acheté I will fear no evil c'est bien la preuve qu'il s'agit d'un bon livre. A ce titre, Dan Brown pourrait légitimement prétendre au prochain Nobel.

Le ravin des ténèbres (AM 1974).jpg

- "Si tu n'aimes pas ce roman, c'est que tu n'y as rien compris" (Stover emploie l'expression "didn't get the joke"), ce qui permet de mettre le contradicteur en position de faiblesse ("mais si j'ai compris", répond t-il vainement) et permet d'embrayer sur une explication de texte visant à montrer que Le ravin des trénèbres (par exemple) n'est pas la longue liste des fantasmes d'un auteur blanc vieillissant (coucher avec sa jeune secrétaire noire, avoir une relation quasi homosexuelle avec son meilleur ami, pratiquer le triolisme) mais une blague super rigolote sans aucune arrière-pensée, ou prouvant que The number of the beast n'est pas un suite de scènes sans queue ni tête qui se perd dans la mythologie personnelle de l'auteur mais un véritable traité de mécanique quantique qui placerait son auteur au même niveau qu'Einstein.

Dommage que toute cette fange fasse de l'ombre à une lecture de l'oeuvre de RAH comme émanation d'une vision Calviniste, analyse dont les arguments me semblent probants et qui, idéologiquement, se défend (voir aussi Slusser sur ce point).

Ayant pour l'écrivain RAH le respect dû à la grande qualité de ses oeuvres (certaines en tout cas) et à l'homme RAH le respect dû à chaque être humain, j'aurais tendance à penser qu'il serait le premier attristé d'avoir un thuriféraire pareil en la personne de Stover.

Note GHOR : 0 étoile

27/11/2008

_Ron : The writer : The shaping of popular fiction_

Ron : The writer : The shaping of popular fiction: L. Ron HUBBARD (+ un ou plusieurs anonymes) : Editeur inconnu : 1997 : ISBN 1-57318-060-2 : illustration photograpique (retouchée ?) : 120 pages (pas d'index) : quelques Euros pour un TP grand format.

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C'est un ouvrage étrange que nous avons là. Faisant semble t-il partie d'une vaste série de livres vantant chacun une des diverses et nombreuses facettes de Hubbard (de Administrator à Poet/Lyricist), cet opus se concentre sur l'écrivain.

On pourrait s'attendre à une bibliographie de Hubbard, mais il s'agit en fait d'une sorte de recueil de textes de Hubbard lui-même, textes en rapport avec l'écriture dans les genres 'populaires' (Polar, Aventure, SF, Fantasy). Genres dans lesquels Hubbard a oeuvré avec un certain succès avant de fonder une religion.

Astounding 1950-02.jpg

Abondamment illustré (mais sans grand gout) avec force photographies des machines à écrire de LRH (authentique!), cet ouvrage rassemble  donc une dizaine d'essais de la plume de Hubbard. Ce sont sont essentiellement des conseils pour l'apprenti écrivain professionnel (des années 30-40, bien sûr) ou des réminiscences sur la SF de l'âge d'or.

Il y a aussi une grande quantité de matériau (non signé) de présentation, interstitiel ou supplémentaire qui vient supplémenter la partie "how to" par des à-cotés sur la carrière d'écrivain de LRH.

Sur les textes de Hubbard, il n'y a pas grand chose à dire. Une fois oubliés une certaine grandiloquence et un sens aigü de sa propre importance, il s'agit là d'une série de conseils (AMHA) avisés et à dominante économique pour des apprentis pulpsters (faites des recherches, sélectionnez vos marchés, trouvez votre genre le plus rentable...) que l'on a pu lire des dizaines de fois dans les ouvrages du style Devenez écrivain en 20 leçons, une importante catégorie de livres qui existe depuis des lustres aux USA.

How to write science fiction and fantasy.jpg

Ce n'est certainement pas original pour un sou mais c'est visiblement pertinent pour l'époque considérée (les années 30). On peut juste se demander comment ces conseils sont applicables ou même simplement transposables dans le monde de l'écriture du XXIème siècle.

La partie la plus amusante est celle qui n'est pas de la plume de Hubbard, mais d'un quelconque secrétaire chargé de présenter au mieux l'auteur. Le but étant de placer celui-ci en position centrale dans les genres comme la SF ou la Fantasy et, d'une façon globale, comme un des géants de la littérature populaire. Comme ce n'est forcément le cas (l'influence et l'importance de Hubbard sont indéniables, mais ce n'est pas non plus Asimov ou Van Vogt), on a alors droit à un festival de qualificatifs et de jugements emphatiques dont l'excès ferait rougir de honte n'importe quel Heinleinien (ou Asimovien ou Dickien) zélé.

En gros et pour résumer plusieurs pages de logorhée, Hubbard a non seulement inventé la Fantasy (dans Unknown) et la SF, il a aussi déclenché à lui tout seul l'âge d'or de la SF (c'est donc son oeuvre et non celle de Campbell comme on voudrait nous le faire croire). De plus, sur le tard, comme il s'ennuyait, il a écrit deux des six (la précision est touchante) meilleures séries du genre : Terre champ de bataille & Mission Terre.

Battlefield Earth (New Era).jpg

Assommé à grands coups de chiffres de vente pharamineux (tiens, c'est une technique que l'on a vue reprise pour d'autres auteurs, technique qui confond audience et qualité) et de nombre de traductions différentes, le lecteur doit se rendre à l'évidence : LRH c'est LE écrivain de SF.

Cela serait presque risible tellement c'est grossier, si l'on ne se rappelait que ces impérissables chefs d'oeuvre à la précision scientifique diabolique et à l'intrigue novatrice ont été, il fut un temps, acclamés, promus et publiés dans notre pays par des acteurs proéminents du genre.

Note GHOR : 0 étoile, uniquement intéressant comme cas d'école de travestissement de la vérité pour la gloire d'un auteur.

24/11/2008

_La science-fiction_ (Roger BOZZETTO)

La science-fiction: Roger BOZZETTO : Armand Colin (Collection 128) : 2007 : 128 pages (pas d'index, bibliographie famélique, glossaire) : ISBN 978-2-2003-4717-8 : 9 Euros pour un poche

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Cet ouvrage est organisé (sic) en six chapitres :

1) "La littérature d'imagination scientifique avant Gernbsback" qui, comme son nom l'indique, dresse un historique de la proto-SF (sous les divers noms que l'on a pu utiliser).

2) "L'évolution de la science-fiction" qui poursuit l'histoire de la SF à partir du moment où elle acquiert un nom.

3) "Quelques procédés narratifs" qui recycle le livre de Langlet sur les procédures d'écriture propres au genre.

4) "Quatre variantes sur le thème de l'altérité" qui traite quatre des thèmes de la SF.

5) "Deux approches de la science en SF" qui unit deux courts textes (un sur les robots et un autre sur les premiers FNA).

6) "Un florilège d'auteurs" aborde, comme son nom l'indique, une dizaine d'auteurs traités en quelques lignes ou quelques pages.

Cet ouvrage fait partie de ceux que j'adore détester.

En effet, comme le Manfrédo ou le Ruaud/Colson (des méchants à la mémoire longue rajouteront le Gattégno), il est un digne représentant d'une catégorie de livres qui se définissent suivant deux critères : "Vite fait, mal fait " (ou "j'ai les traites du SUV à payer, torchons donc un truc sur la SF avant dimanche prochain pour mon pote l'éditeur") et "C'est un ouvrage d'initiation, on peut raconter n'importe quoi" (ou "P.., j'ai trop la flemme de vérifier ce point, faisons confiance à notre mémoire").

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Il s'agit souvent d'ouvrages à petits prix dans des collections d'initiation à divers sujets. Même s'ils sont destinés à des néophytes, ils montrent bien que la conscience professionnelle n'étouffe pas tout le monde et que le fait d'être enseignant à l'université ne protège absolument pas contre le bâclage, l'erreur factuelle ou la simple absurdité.

Ce court livre n'est pas loin de partager la palme (avec les deux ou trois précités) du ratio conneries/nombre de pages. Au fil des pages, on découvre en effet des tas de nouvelles horreurs, allant de la simple coquille à l'erreur de raisonnement en passant par l'invention pure et simple.

Un petit florilège (sur la première moitié seulement, pour cause de flemme de tout noter) :

- p 25 : la phrase "En France, parallèlement au modèle vernien, des auteurs comme Robida, Rosny Ainé, WELLS, de La Hire, D'Ivoi, Le Rouge...", ce cher HG a dû demander la nationalité française sans que cela se sache.

- p 26 : "Astounding Science Fiction (1938-1950)", raté de juste 10 ans (alors que le distinguo est fait avec Astounding stories 1930-1937), pour information ce n'est en 1960 qu'Astounding devient définitivement Analog.

- p 28 : RavageS, le livre ultra connu de Barjavel.

- p 33 : un petit SCheckley, qui présage de grosses difficultés pour le lecteur qui souhaite trouver ses ouvrages.

- p 36 : la phrase sur PKD "Il s'affirme dès Loterie solaire qui manifeste une rupture avec l'âge d'or de la SF, avec l'univers de Van Vogt en particulier...", superbe bêtise quand on sait (et cela a été souvent montré) la filiation directe et revendiquée des premiers PKD avec AEVV. C'est d'autant plus inadmissible que cette filiation entre les deux auteurs est citée par Bozzetto page 100 et ré-affirmée page 101.

Loterie solaire (OPTA 1968).jpg

- p 38: date de 1965 (sic) certaines nouvelles de Cordwainer Smith. C'est une des nombreuses occurrences d'un problème majeur dans ce livre, les dates associées aux textes. En effet, on trouve soit des simples erreurs factuelles comme ici (probablement la date de première parution en recueil), soit la date de première publication VO (par exemple Planète à gogos = 1953), soit la date de première parution en VF (par exemple Question de poids = 1971). Au-delà de la simple idiotie ou facilité, ce manque de rigueur peut, dans un ouvrage qui se veut donner une vision historique du genre, faire passer le lecteur complètement à coté d'une proximité chronologique bien réelle entre ces deux textes (pour mémoire Mission of gravity = 1953, Gravy planet= 1952). La perception de l'histoire du genre ne peut qu'en être faussée. On pourra aussi être énervé de l'usage assez particulier des TF & TO, qui sont employés sans aucune logique. Bozzetto utilise souvent le TF, mais va parfois chercher le TO alors qu'il existe un TF (par flemme d'avoir à chercher le TF ?).

Question de poids (Laffont 1971).jpg

- p 39 : on apprend que Gernsback quitte Amazing en 1936, cette précision qui en jette est tout simplement fausse de quelques années (dans notre ligne d'univers, c'est en 1929), fâcheux pour une des péripéties des pulps les plus connues et documentées, par exemple chez Ashley ou Westfahl, mais n'en demandons pas trop, la lecture de tels ouvrages quasi définitifs sur le sujet semblant optionnelle chez Bozzetto.

- p 49 : un paradoxe temporel qui devrait faire acourrir la Patrouille du temps :

"La mode steampunk (datée par Bozzetto de la fin des années 80) a également gagné aussi bien le cinéma que les séries télévisées. On retiendra par exemple comme films (...) et comme séries télévisuelles Les mystères de L'Ouest.".

On conviendra qu'il s'agit bien là d'un remarquable paradoxe temporel (pour mémoire, The Wild Wild West = 1965) qui risque de mettre en péril la trame de notre univers.

- p 51 : une lecture alternative de Question de poids, où l'on apprend que ce sont les humains qui parcourent Mesklin (en fait ils restent à l'équateur). Du coup, on peut se demander si Bozzetto a simplement lu ce roman.

- p 57 : Barjavel est crédité de l'invention du paradoxe temporel, cinq ans après la première apparition du terme, félicitations (mais bon, il fallait regarder dans le Prucher).

- p 58 : On peut entendre parler de The legion of space,un roman de E. E. Smith (un collector, certainement).

The legion of space (Pyramid 1967).jpg

- p 59 : on croise les fameux "freemen" de Dune.

- p 60 : on nous rappelle le non moins fameux début de La machine à explorer l'espace de Priest: "J'avais atteint l'âge de mille kilomètres" (Bozzetto a au moins l'auteur de juste). Dommage pour un des débuts de livre de SF les plus connus (avec Neuromancer).

Le monde inverti (JL 1976).jpg

J'arrête ici, mais tout cela est d'autant plus rageant que la correction d'une majorité de ces erreurs aurait pu se faire "à la volée" lors d'une simple relecture (les coquilles évidentes par exemple) ou, au pire, avec des recherches dont la durée ne dépasse pas la minute et qui peuvent même se limiter à consulter wikipedia. En ce qui me concerne, je les ai relevées au fil de ma lecture, c'est dire si elles sont assez évidentes pour qui a un minimum de vernis SF.

Pour résumer mon opinion sur ce livre, je vais donc laisser la parole à Bozzetto lui-même :

"On trouve donc un véritable sottisier qu'il est difficile d'expliquer sinon d'excuser" (page 96, à propos du FNA).

Comme quoi le plus sot n'est pas forcément celui qui le dit.

En plus de ce foutage de gueule généralisé, le livre manque complètement d'une ligne directrice identifiable. C'est bien plus une suite d'anecdotes ou de digressions (on dirait parfois une compilation des articles de Bozzetto) qu'un ouvrage vraiment construit ayant une vision à partager sur le genre. Çà part dans tous les sens et présente un niveau d'approfondissement trop variable qui va du résumé d'une nouvelle au non-traitement de figures majeures (au hasard RAH), d'où la difficulté (toujours pour un néophyte) à hiérarchiser les contributions à la SF.

Certains mouvements sont aussi nettement mal évalués ou traités sans réel sens de leur importance; tant historiquement (la new-wave que Bozzetto prend pour la panacée appliquée à la SF) que quantitativement (2 pages sur 25 dans le chapitre sur les genres pour le steampunk). D'autres ne sont visiblement pas clairement perçus comme la Hard Science, où le terme est employé par Bozzetto d'une façon impropre car trop générale comme se référant à toute fiction sur les technosciences.

Il se borne à survoler la SF tout d'abord en quatre thèmes : le premier contact (en réussissant à ne pas citer Leinster ou Effremov), l'amour (et un coup de Farmer, marque d'une grande originalité), les clones (qui dérive vite et sans raison sur les réalités truquées) et les mutants. Puis en 5 auteurs classiques (Cummings -?????-, Van Vogt, Clarke, Asimov et Bradbury) et 4 auteurs complexes (sans rire), à savoir Dick, Le Guin, Vonarburg et Brussolo, les quatre derniers respectant une parité scrupuleuse (géographique et sexuelle) et un biais assez commun chez les universitaires qui confondent souvent respectabilité (ou étudiabilité) et importance réelle.

Tarrano le conquérant (RF 1963).jpg

Indigne, méprisant ses lecteurs tant il est bâclé, mal construit, laissant un place disproportionnée à la proto-SF (Frankenstein, Kepler, Cyrano...) ou aux mythes (une page sur 128 sur les dieux grecs), maniant la formule lapidaire ("Contrairement aux autres auteurs, Dick était d'abord un écrivain..." p102, sympa pour les autres) et le flou le plus total, ce livre ne mérite même pas d'être acheté (on peut toutefois le voler ou l'avoir en SP).

Note GHOR : 0 étoile